Quid de l’ouverture des stations de ski pour la saison 2022/2023 face au prix de l’electricité

chamrousse station isereDécidément, les années se suivent et risquent de se ressembler … Les stations de ski font face depuis 2 ans à des hivers compliqués. Après avoir vécu une année de fermeture il y a deux ans, puis une saison rendue compliquée par le Covid l’an dernier, c’est une autre crise qui attend les stations au tournant de l’hiver. La crise énergétique liée à la guerre en Ukraine a fait monter les couts de l’énergie à des niveaux jamais atteints jusqu’alors, faisant naitre de grosses inquiétudes sur les couts de l’exploitation des remontées mécaniques dépendantes du prix de l’électricité.

S’exprimant auprès de France 3, il est parmi les premiers à tirer la sonnette d’alarme : le directeur des remontées mécaniques de la station de Villard-de-Lans est inquiet concernant l’ouverture de la station pour l’hiver et la saison de ski 2022 / 2023.

Les remontées mécaniques face à l’augmentation du prix de l’électricité

Le prix du Mégawattheure a été multiplié par 20 en seulement quelques mois, passant de 55 euros à une valeur variant actuellement entre 800 et 1000 euros !

Ceci fait mécaniquement monter la facture pour les exploitants de la montagne, d’un poids de de 5% du chiffre d’affaire, le cout de l’électricité passerait à plus d’un quart des revenus !  Autrement dit, cela menace directement la rentabilité de la station et pourrait causer une impossibilité d’ouvrir les stations de ski à la date prévue cet hiver.

Station de ski et électricité : le cas de Villard de Lans, Alpe d’Huez et 2 Alpes

La station de Villard de Lans n’est pas la seule et plusieurs d’entre elles vont entamer les discussions autour du renouvellement de leur contrat d’énergie, ce qui est annonciateur d’augmentations rendant là aussi l’ouverture difficile à envisager sans faire face à de lourdes pertes. En Isère, c’est notamment le cas de stations d’envergures comme L’Alpe d’Huez et les 2 Alpes, des moteurs du département en ce qui concerne les sports d’hiver, mais la plus petite station du Collet d’Allevard est également concernée. Et ce sera le cas dans tous les massifs au fur et à mesure que les contrats d’approvisionnement en énergie vont devoir être revus …

Station de ski et électricité : Chamrousse face à l’augmentation du prix

Dans le Dauphiné, on apprend qu’à Chamrousse, le renouvellement du contrat de fourniture d’EDF n’est prévu que pour fin 2023, mais dans un an la facture va passer de 450 000 € à près d’un million ! Le prix du forfait a été augmenté d’un euros par rapport au prix déjà augmenté décidé en juin dernier : ce sera 39€, mais est-ce que ce sera suffisant ? Des fermetures de remontées supplémentaires en basse saison sont déjà prévues, ainsi qu’un ralentissement de la vitesse de certaines remontées toujours en basse saison.

ouverture station ski hiver 2022 2023 et crise prix électricité : va-t-elle ouvrir ?

Les prix de l’énergie explosent et la commune se prépare déjà à voir ses factures tripler. Le coût annuel de l’électricité pour la Régie des remontées est de l’ordre de 450 000 €. D’ici un an, il passera à plus d’un million d’euros. La question de l’ouverture d’une telle station de ski en 2023 va se poser !

Un bouclier tarifaire pour les stations de ski ?

Ralentir les remontées ou fermer des pistes ne suffira pas ! Quelle solution pour la saison ski 2023 face à ces couts impossibles à absorber tant par les stations que par les clients qui verraient le forfait augmenter démesurément ?

Cela pourrait passer par un « bouclier tarifaire » similaire à celui mis en place pour réduire le prix de l’électricité payé par les ménages français.

Mais il n’y a pas que les remontées qui sont concernées : quid des piscines chauffées en station (sachant que des piscines ont déjà fermé début septembre dans certaines villes de France) et des patinoires ? Le défi de ce cout de la houille blanche pour les mairies, collectivités locales et exploitants est de taille !

Ouverture ou pas des stations en 2022 / 2023 ? A suivre ICI !

Une discussion pour faire face à cette nouvelle crise et au risque de fermeture des stations faute d’électricité à prix contenu s’est tenue le 6 septembre 2022 avec autour de la table : le ministère, Les Domaines Skiables de France et les représentants de l’Association nationale des maires des stations de montagne. Un communiqué de l’ANMSM par la voix de Jean-Luc Bloche son président (et maire de La Plagne), revient sur ce qui a été échangé à cette occasion face au risque de fermeture des stations ski cet hiver 2022 2023.

Voici ce que l’on en retient à ce stade :

L’ANMSM a dès le mois de juin saisi les différents ministres en charge de ce sujet. Des discussions ont été engagées par l’association à l’occasion de récents entretiens. Même si des économies d’énergie seront réalisées par les communes supports et l’ensemble des structures associées, des mesures doivent impérativement être prises par les pouvoirs publics sur le prix du MWh pour sécuriser nos collectivités et redonner de la visibilité aux stations pour les prochains mois.  …  La situation de la montagne a un caractère unique par la saisonnalité de son tourisme, qui est principalement hivernal. Cela implique dès lors un profil de consommation de l’électricité compliqué car condensé sur une période où la consommation nationale est au plus haut. La filière montagne est donc très exposée face à l’augmentation des coûts

 

Septembre 2022

Le 9 septembre 2022, Anne MArty, présidente déléguée des Domaines skiables de France et directrice générale adjointe d’Altiservice qui gère les stations de Font-Romeu et Saint-Lary, donnait dans lejournaltoulousain des nouvelles rassurantes pour ceux qui s’inquiètent d’une impossibilité d’ouvrir. Dans l’article à lire ici : https://www.lejournaltoulousain.fr/occitanie/economie-occitanie/stations-ski-pyreneennes-ouvertes-malgre-prix-electricite-179355/amp/, elle indique que les domaines skiables, service public, seront ouverts. Elle rappelle les efforts déjà engagés depuis 2020 pour réduire la consommation, l’effort ira jusqu’à 10% cette année, en minimisant l’impact sur les skieurs. Ceci en jouant sur la vitesse des remontées ou sur la fermeture de certaines les jours de faible abondance. De nouvelles dameuses électriques ou à hydrogène vont participer à cette action tandis que l’objectif est d’atteindre la neutralité carbone au plus tard en 2037 sur tous les domaines skiables. Ceci étant dit, les domaines skiables demandent à « être intégrés aux dispositifs d’accompagnement des électro-intensifs, comme n’importe quelle autre entreprise » en intégrant aussi les exploitants publics. La visibilité sur la durée des contrats de fourniture d’énergie est également réclamée, ainsi que la fin de l’alignement du prix de l’électricité sur celui du gaz.

Point à Mi-Novembre : crise énergétique sur fond de manque de neige !

Pour suivre la situation, un point a mi-novembre 2022 est nécessaire. Il n’est pas vraiment rassurant.

C’est tout d’abord une année 2022 incroyablement chaude et les problèmes d’enneigement afférents qui se font ressentir. Cette absence de neige a empêché l’ouverture de la station des 2 Alpes durant les vacances de la Toussaint comme elle le faisait jusqu’alors chaque année (après une fermeture prématurée du glacier cet été) tandis que du coté de Val Thorens, plus haute station en Europe, l’ouverture prévue initialement pour le samedi 19 novembre a été repoussée au samedi 26 novembre.

Mais si l’on en revient au sujet du prix de l’énergie électrique, il y a eu peu d’avancées sur le sujet ces dernières semaines. La station de Serre-Chevalier a d’ores et déjà annoncé une hausse conséquente du prix de ses forfaits de ski, pour tenir compte d’un surcoût énergie qui sera intégré au tarif. Celui-ci ne sera connu avec précision que fin novembre, date à laquelle l’exploitant va connaitre le tarif d’électricité des mois à venir. D’autres stations ont déjà annoncé les augmentations de prix des forfaits : 5 % au Mont-Dore en Auvergne ou encore à Orcières Merlette et Isola 2000 au sud des Alpes tandis que ce sera environ 6% de plus aux Sept Laux. Mais les stations essaient également de trouver des moyens de réduire le poids du prix de l’électricité (et du fioul pour les dameuses) dans le forfait pour ne pas tout impacter au skieur. Pour cela, des aménagements commencent à se dessiner. Cela peut consister à réduire la durée de la saison ou à réduire les horaires ou heures d’ouverture pour diminuer les couts sur des périodes non rentables faute d’un nombre suffisant de skieurs, mais aussi pour participer à l’objectif national de diminution de la consommation électrique visant à passer l’hiver sans « Black-Out ». Par exemple, du coté de la station de Peyragudes dans les Pyrénées, on a choisi de réduire la longueur de la saison avec une fermeture le 26 mars 2023, au lieu de début avril. Par contre, la station des hautes-Alpes  Pelvoux-Vallouise, a choisi de réduire la vitesse des remontées : télésièges et téléskis. Une solution qui devrait également être retenue par de nombreuses stations, sans que cela ne soit forcément très impactant pour les usagers.

En parallèle, aucune nouvelle d’aide gouvernementale ou de bouclier mise en place par le gouvernement face à ce risque de déstabilisation des budgets des communes de montagne … A suivre !

Début décembre 2022, la Compagnie des Alpes indique qu’elle ne sera pas mise en danger par l’augmentation des tarifs de l’électricité cet hiver dans les stations qu’elle gère, mentionnant notamment des économies d’énergie comme dans les autres stations.

Les régies de remontées mécaniques face à l’augmentation du prix de l’électricité : soulagement début décembre !

Mais ces derniers mois, un certain nombre de stations et de municipalités de montagne étaient particulièrement inquiètes: en effet, les régies semblaient avoir été oubliées dans le cadre des aides aux PME destinées à compenser l’augmentation des prix de l’électricité, faisant redouter le pire sur la facture. Ceci pouvait même remettre en cause l’ouverture ou l’existence de certaines de ces régies exploitantes de remontées mécaniques. En effet, une déclaration de Bercy du 29 novembre indiquait que l’amortisseur électricité destiné aux collectivités, association et PME de 2023 ne concernait que les collectivités et établissements publics qui n’avaient « pas d’activités concurrentielles », et ce « quel que soit leur statut ». Si cela se confirmait : les stations les plus fragiles, n’ayant pas vu d’opérateurs privés répondre à leur délégation de service public) » seraient alors touchées.

Mais heureusement, courant décembre, Olivia Grégoire, ministre déléguée en charge du tourisme (notamment) a pu rassurer les stations de ski (et stations thermales) touchées par l’augmentation du prix de l’électricité.

Ceci est sans ambiguïté : même les remontées mécaniques gérées par les collectivités locales qui étaient jusque là exclues de l’« l’amortisseur électricité » seront désormais éligibles sans exception. Cet amortisseur fonctionne selon le principe suivant :  l’État prend en charge une partie de la facture d’électricité dès lors que le prix d’achat dépasse un certain niveau de tarif. La Ministre indique même être prête à étudier en détails les cas compliqués d’exploitants telles que les régies sans autonomie juridique. Un décret est en cours de rédaction (info du 8 décembre via le blog du député des Hautes-Alpes Joel Giraud, ancien ministre de la cohésion des territoires) : il concernera toutes les régies de moins de 250 salariés comme par exemple les exploitants des remontées de Montclar dans les Alpes de Haute-Provence ou de Orcières-Merlette dans les Hautes-Alpes. Ce système permettant de réduire l’impact de l’augmentation des prix de l’électricité sera effectif à partir du 1er janvier 2023.

vue depuis sommet chamrousse

Comme pour les crises des années précédentes, vous retrouverez dans cet article le suivi de la situation et de l’ouverture des stations pour l’hiver 2022/2023 avec de fréquentes mises à jour.

On tient à jour cet article régulièrement avec les dernières informations sur l’ouverture stations 2022/2023 : un point important alors que les réservations de logement au ski pour l’hiver ont déjà débutées et doivent se poursuivre dans les semaines à venir.

Un délai sur les mesures d’aide au domaine des stations de ski risque de freiner les réservations et futures vacances au ski, dans un secteur déjà largement éprouvé ces dernières années.

 

 

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